À ce jour, la maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence sont incurables. En tant que maladies chroniques, elles ont une évolution progressive. C’est pourquoi la prévention est très importante.

Prévenir ces maladies poursuit plusieurs objectifs. Adopter une bonne hygiène de vie et traiter les problèmes de santé existants permet de réduire le risque. D’autres mesures permettent de retarder la progression d’une maladie déjà déclarée et d’éviter certaines complications comme la malnutrition.

 

Facteurs de risque

On connaît aujourd’hui plusieurs facteurs de risque qui favorisent la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées. L’âge représente le principal facteur de risque. Bien que les troubles neurocognitifs ne fassent pas partie du processus normal de vieillissement, le risque de développer la maladie augmente avec l’âge. Les femmes sont en outre plus touchées que les hommes : cela pourrait s’expliquer par le fait qu’elles vivent plus longtemps ainsi que par des facteurs hormonaux. Un autre facteur de risque non influençable est d’origine génétique. Toutefois, seul 1 pourcent toutes les maladies d’Alzheimer est exclusivement attribuable à des facteurs génétiques.

Outre les facteurs de risque non modifiables (âge, sexe, génétique), la recherche a permis d’identifier 14 facteurs de risque modifiables, responsables de près de 45 % des cas d’Alzheimer et maladies apparentées dans le monde (Livingston, G. et al., 2024). Leur influence dépend de la phase de vie dans laquelle on se trouve. Les douze facteurs de risque sont :

  • un faible niveau d’instruction
  • la perte de l’audition
  • l’hypercholestérolémie (excès de cholestérol de type LDL)
  • la dépression
  • les traumatismes cérébraux
  • le manque d’exercice physique
  • le diabète
  • le tabagisme
  • l’hypertension
  • l’obésité
  • l’abus d’alcool
  • la pollution atmosphérique
  • la perte de la vue

Parmi les autres facteurs de risque modifiables figurent notamment une mauvaise alimentation, les troubles du sommeil (par exemple dormir moins de sept heures par nuit) et le manque d’activités intellectuelles.

 

Mesures de prévention

Nombre de ces facteurs de risque peuvent être modifiés par une bonne hygiène de vie et un traitement précoce des problèmes de santé.

Avoir une activité physique régulière, manger sainement, ne pas fumer, consommer peu ou pas d’alcool et traiter à temps les problèmes de santé comme l’hypertension, les maladies cardiaques, le diabète et l’obésité permet de réduire le risque de développer des troubles neurocognitifs. Cela s’applique notamment à la dégénérescence d’origine vasculaire (la deuxième forme plus courante). Ces facteurs de risque favorisent aussi les accidents vasculaires cérébraux et les infarctus, qui augmentent à leur tour le risque de développer une forme de démence vasculaire. De manière générale, ce qui est bon pour le cœur l’est aussi pour le cerveau.

Certains facteurs de risque tels qu’un faible niveau d’instruction, l’isolement social, la dépression ou les déficiences auditives jouent un rôle particulier dans la maladie d’Alzheimer. Ces facteurs ont un impact négatif sur ce qu’on appelle la réserve cognitive. Cette dernière représente une sorte de stock de secours pour notre cerveau, qui possède la faculté de compenser la disparition des neurones en activant des connexions neuronales alternatives ou en utilisant plus efficacement des réseaux préexistants. Plus les liaisons neuronales sont nombreuses, et plus la réserve cognitive est donc grande, plus le cerveau pourra compenser plus longtemps les altérations cérébrales dues à la maladie. Cela permet de retarder l’apparition des symptômes dans la vie quotidienne et également celle de la maladie. Maintenir des contacts sociaux, entreprendre des activités intellectuelles stimulantes et traiter précocement la déficience auditive permet de stabiliser la réserve cognitive, voire de l’augmenter.

 

Une prévention tout au long de la vie

Les premiers signes de la maladie d’Alzheimer ne se manifestent souvent que tardivement, de nombreuses années après que les dépôts de protéines caractéristiques se sont formés dans le cerveau ou que l’on a été exposé à des facteurs de risque. C’est pourquoi il est important de promouvoir une bonne santé mentale et de miser sur la prévention. Tandis que certains facteurs de risque, à l’instar d’un faible niveau d’éducation, jouent un rôle important dès le plus jeune âge, des activités cognitivement stimulantes comme l’apprentissage d’une langue étrangère ou d’un instrument de musique peuvent être commencées à tout âge et avoir des incidences positives. Un mode de vie sain et des activités mentales, sociales et physiques favorisent la santé du cerveau et le bien-être tout au long de la vie.

Les mesures citées plus haut permettent également de prévenir les complications en cas de maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées existantes, tout en préservant la qualité de vie de la personne malade. Outre ces approches non médicamenteuses, la prise de certains médicaments peut aussi contribuer à éviter les complications ou les maladies secondaires. Il est par exemple possible de recourir à des procognitifs, médicaments qui ralentissent l’évolution de la maladie et qui atténuent les symptômes concomitants tels que l’agitation et les hallucinations. Toutefois, ces médicaments nécessitent une prescription médicale. D’autres principes actifs visant à ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce font actuellement l’objet de recherches. 
 

Source : Livingston, G., Huntley, J., Liu, K. Y., Costafreda, S. G., Selbæk, G., Alladi, S., ... & Mukadam, N. (2024). Dementia prevention, intervention, and care: 2024 report of the Lancet standing CommissionThe Lancet.

 

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